Critiquer un album ou un jeu... Quel exercice bien difficile !
Comment puis-je donner un avis sur un dessin alors que je suis bien incapable de faire une planche de bd cohérente ?
Comment puis-je critiquer un jeu de société alors que je n'ai pas idée de la galère que ça peut être pour l' éditer ?
Qui suis je pour revêtir le costume de juge ?
C'est ces quelques questionnements qui me font arrêter de temps en temps la publication sur ce blog mais...
Il faut savoir que tous les avis postés ici sont partiellement partisans... En effet, j'ai fait la démarche d'acheter le jeu ou le livre... Je ne suis donc pas impartial !
Alors on va dire que ce blog est là pour mettre en lumière certaines œuvres, pour voir mes coups de cœurs et mes déceptions mais attention, il est nécessaire de se faire sa propre opinion !

Ah l'amour... Quand une bd frole la perfection...

Blankets est une oeuvre autobiographique dans laquelle Craig Thompson raconte une partie de son enfance et de son adolescence dans une bourgade du Wisconsin. Cet auteur né en 1975 a réalisé un roman graphique magistral pouvant être comparé sans rougir à Jimmy Corrigan de Chris Ware.

Il décrit sa vie d’enfant (sous forme de flash back) dans une petite ferme familiale. Ses parents, des chrétiens plus que pratiquants, ne sont pas très riches et parfois durs. On suit les péripéties de Craig et de son petit frère une bonne partie de l’album révélant les jeux que pouvaient faire son frangin et lui. Qui n’a pas imaginé étant petit, que son lit est un immense bateau ? Qui n’as jamais été cruel avec son frère ou sa sœur ? Ces moments décrit magistralement par l’auteur m’ont fait replongé tête baissé dans mon enfance (et elle n’est pas si loin) je me suis même rappelé des jeux que je pouvais faire avec monsieur prince (le co-auteur de ce blog qui est aussi mon fréro) lors de la lecture de cette bd. D’ailleurs, ce livre n’est pas une bd mais un roman que dis-je, un bijou.


L’auteur raconte également son adolescence et son premier amour : Craig s'avère être un garçon rêveur et solitaire, rongé par la culpabilité religieuse et la peur de l'enfer. Rejeté et fuyant ses camarades de classe, le jeune homme préfère se réfugier dans la lecture de la Bible ou dans le dessin. Malheureusement cette dernière activité est plutôt mal perçue par ses éducateurs. Finalement, lors d'un séjour en colonie de vacances, Craig fait la connaissance de Raina. Et en même temps qu'il découvre les joies puis les déconvenues des premiers amours, le jeune homme commence à porter un regard nouveau sur le monde…

Ce pavé de 600 pages se dévore d’une traite et le principal mot qui me vient à l’esprit est Poésie. On se retrouve forcément lorsqu’il parle d’amour, des sensations que l’on peut ressentir lorsqu’on effleure les mains de sa bien aimé… Son trait extrêmement souple s'adapte aux situations : tantôt caricatural, voire brutal, pour dépeindre les brimades et frustrations de l'enfance, il devient allégorique puis aérien au temps des premiers émois amoureux. Le style graphique s’approche de Benoit Peeters. Certaines planches dépourvues de texte sont plus évocatrices que dix pages écrites (et c’est ce qui fait la force du support bd par rapport à un autre média). Découpé en chapitres, le récit est fluide et envoûtant. On s'attache aux personnages, malgré un environnement et un contexte qui sont loin de nous être familiers : l’omniprésence de la religion chrétienne propre à l’Amérique puritaine.


Une oeuvre forte, pleine de sensibilité et d'émotion : un grand 9,5/10 .

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