Critiquer un album ou un jeu... Quel exercice bien difficile !
Comment puis-je donner un avis sur un dessin alors que je suis bien incapable de faire une planche de bd cohérente ?
Comment puis-je critiquer un jeu de société alors que je n'ai pas idée de la galère que ça peut être pour l' éditer ?
Qui suis je pour revêtir le costume de juge ?
C'est ces quelques questionnements qui me font arrêter de temps en temps la publication sur ce blog mais...
Il faut savoir que tous les avis postés ici sont partiellement partisans... En effet, j'ai fait la démarche d'acheter le jeu ou le livre... Je ne suis donc pas impartial !
Alors on va dire que ce blog est là pour mettre en lumière certaines œuvres, pour voir mes coups de cœurs et mes déceptions mais attention, il est nécessaire de se faire sa propre opinion !

Les contes comme vous ne les avez jamais vu !


Ce matin petite chronique de La petite sirène de Junko Mizuno publié par la jeune maison d'édition IMHO. Alors, autant vous le dire tout de suite, cette version de ce conte occidental n'a rien à voir avec la version de Walt Disney. L'auteure japonaise qui a commencé toute seule dans son coin fait sa spécialité en adaptant de manière rock'n roll certaines histoires classiques.

Ici, nous avons affaire à 3 sirènes Tura, Julie et Ai qui chassent les marins pour les dévorer. Ces 3 femmes-poissons ont toutes, au début de l'histoire,
un but bien précis : venger la mort de leur mère, assassinée par des pécheurs sans scrupules. Mais, Julie, va tombé amoureux d'un humain et va donc devoir trahir leur serment... Ce qui n'est pas du gout de l'ainé Tura, la sirène la plus cruelle et junky ! Comme vous pouvez le voir ça dépote grave ! Le décalage est d'autant plus là que le style graphique et les cases font l'apogé de la niaiserie : le style kawaii. Et c'est cela qui m'a le plus attiré. Les planches sont parfois superbes avec un gaufrier en vaguelette rappelant ainsi le milieu maritime, les sirènes sont également magnifiquement "croquées" ( elles sont même à croquer je dirais ! ). L'histoire quand à elle n'est pas inoubliable, la narration également ne brille pas par son coté original. Vous l'avez compris, ce manga ne vaut le coup que pour son aspect graphique reflétant une nouvelle mode nippone.

La présente édition a constitué un travail concéquent de la part de l'auteure : en effet, celle ci a renversé elle même les images ( pour avoir un sens de lecture à l'européenne), mais a aussi tenu à en redessiner et à en recoloriser certaines. Un travail légèrement gaché par l'éditeur qui a imprimé cela sur un papier légèrement trop fin rendant ainsi les couleurs plutôt ternes et palichonnes ( on croirait lire un livre de la colection K
STR c'est pour dire ! )

Ma note 6,5/10. J'ai récupéré
sur le net ( site d'arté : on ne se moque pas ! ) une interview de l'auteure... Idéal pour découvrir son oeuvre et son point de vue... C'est plus bas !




Deux mangas traduits chez IMHO et une couverture pour Virginie Despentes ont créé la sensation autour de cette jeune mangaka aussi kawaii que ses dessins. Rencontre avec Junko Mizuno, féministe inclassable, et artiste déjà culte.

Nicolas Trespallé : Vos mangas, Cinderalla, Hansel et Gretel s’inspirent de vieux contes européens. Pourquoi ne pas avoir pris des légendes japonaises comme point de départ ?

Junko Mizuno : En fait, la toute première histoire que j’ai signée était Pure Trance. Ensuite, j’ai rencontré un éditeur japonais qui m’a donné l’opportunité de faire Cinderalla et Hansel et Gretel. Ces œuvres ont fait l’objet d’une publication aux Etats-Unis dans la foulée. Pure Trance n’a pas encore été édité à l’étranger et tout le monde a cru que mes premiers mangas étaient Cinderalla et Hansel et Gretel. La deuxième raison, c’est que l’éditeur japonais pensait que j’étais d’abord une illustratrice non pas une scénariste et qu’il me serait difficile d’écrire une histoire. On m’a donc proposé de faire quelque chose de plus ou moins facile à faire. En plus, à l’époque de la publication de ces deux œuvres, les contes européens étaient à la mode au Japon et donc connus. Je pensais aussi qu’ils faisaient très peur. A partir de là, on a cherché un conte européen qui soit facile à éditer pour faire quelque chose de très fort qui puisse marcher.

Nicolas Trespallé : Dans Cinderalla vous vous moquez de la publicité, derrière vos zombies on peut voir une critique amusante de la société de consommation, des modes. Vous considérez-vous comme engagée ?

Junko Mizuno : Je n’avais pas spécialement l’intention d’avoir un message précis contre la société en réalisant Cinderalla. Seulement, je suis née dans cet environnement. Je m’intéresse au mode de fonctionnement de la publicité, à tous ses « standards », au monde merveilleux qu’elle représente... A partir de là, j’ai essayé de jouer avec tout ça. Il n’y a pas vraiment l’intention de critiquer, c’est plus une sorte de jeu par rapport à tous les clichés commerciaux dans lesquels je baigne au Japon.

Nicolas Trespallé : C’est pour cette raison, vous avez décidé d’utiliser l’esthétique kawaii ?

Junko Mizuno : Oui, j’ai été très marquée par l’imagerie dérivée de la production Hello Kitty. (Personnage créé en 1974 par Sanrio, archétype du style kawaii, décliné sur des milliers de produits dérivés, ndlr). Ca a été une influence essentielle dans mon travail.

Nicolas Trespallé : Votre œuvre se différencie nettement de la production manga qui nous parvient en France. Est-elle singulière ou représentative d’un courant ?

Junko Mizuno : J’ai commencé toute seule dans mon coin mais effectivement il y a des artistes qui font des choses qui se rapprochent de mon travail, mais je ne me rappelle plus précisément des noms…

Nicolas Trespallé : J’ai lu que vous appréciez les films de Russ Meyer, les films de SF, de monstres… Qu’est-ce qui vous plaît dans ses films ?

Junko Mizuno : (Rires) C’est vrai, mais c’est un détail qui est devenu de plus en plus important sans que je le veuille vraiment. Ce que j’aime surtout dans les films de Russ Meyer notamment dans Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !, c’est que les femmes sont toujours dépeintes de façon très forte comme dans mes mangas. En outre, ces héroïnes n’avaient aucun sentiment de culpabilité par rapport au sexe et ce sont là des traits qui me touchent. En dehors de cela, je n’ai pas de fascination particulière pour Russ Meyer. En ce qui concerne les films de monstres, je préfère ceux avec des héroïnes fortes, mais si on faisait un film avec des femmes fortes et des monstres, je serai très contente !

Nicolas Trespallé : Y’a-t-il eu des réactions négatives à votre travail ? Les féministes par exemple ne vous ont pas reproché l’image que vous donniez de la femme ?

Junko Mizuno : J’ai eu des critiques mais je ne me souviens plus vraiment ce que l’on me reprochait ! Par rapport au féminisme, j’ai un rapport particulier avec l’image de la femme et la façon dont elle est perçue au Japon. Mes personnages reflètent un peu ce que je pense, comment je vois la femme. C’est en cela que je suis féministe. Cependant, je ne me reconnais pas spécialement dans telle ou telle mouvance féministe. Je tire moi-même mes propres conclusions sur la condition de la femme, disons que je suis une féministe plutôt indépendante.

Nicolas Trespallé : Sur le plan technique, comment travaillez-vous ?

Junko Mizuno : Tout dépend du projet, si on se place du côté du manga ou d’un livre d’illustrations. En ce qui concerne le manga, j’attends la proposition de l’éditeur et m’adapte en fonction du format et du rythme de parution. Généralement, il s’agit d’un rythme mensuel. A partir de là, je fais tout au crayon avant qu’un directeur éditorial valide ce que j’ai fait. Alors, je fais l’encrage puis la couleur par ordinateur. Après vérification finale de la direction éditoriale, c’est alors bon pour la publication.

Nicolas Trespallé : Un mot sur vos projets ?

Junko Mizuno : Je travaille sur un deuxième livre d’illustrations dans la lignée du premier Hell Babies qui sortira, si tout va bien, cette année et je travaille aussi sur la version couleur de mon premier manga Pure Transe qui devrait sortir prochainement aux Etats-Unis

Nicolas Trespallé : Vous avez une image assez « Rock’n’roll » en France. Est-ce que cela vous correspond ?

Junko Mizuno : Je suis très contente que les gens pensent ça de moi, je ne l’ai pas vraiment fait exprès… En tout cas, si je suis rock’n’roll, je souhaite être à l’avenir encore plus rock’n’roll ! (rires)

Aucun commentaire: